Cinéma - les critiques

Manchester by the Sea         vu le 2016-12-19
On reconnait un drame réussi à l’émotion qu’il arrive à déclencher. Et c’est le cas ici, avec un homme brisé qui retourne vers sa ville natale pour s’occuper de son neveu. La relation entre les deux hommes et le quotidien à Manchester est entrecoupé de blashback, souvenirs du personnage principal. Il faut le reconnaitre, l’histoire est assez balane, et le récit aussi – celui d’un homme brisé confronté à son passé et qui essaye de se reconstruire (ou pas d’ailleurs). La mise en scène est plutôt chouette – les images sont très belles, la ville est filmé avec beaucoup de réussite. Je suis moins fan des morceaux de musique classique à fond dans les scènes d’émotion, ( d’autant que le son était vraiment trop fort dans le ciné ). La grosse réussite du film, ce sont déjà ses personnages. Celui de Lee Chandler, déjà, littéralement habité par Casey Affleck, qui traine sa gueule de chien battu tout au long du film, et qu’on a envie d’aimer malgré son attitude et son renfermement. Celui de Patrick aussi, le neveu, qui forme un contraste avec son oncle qui est absolument détonant. Le film sait prendre son temps, pour installer ses révélations et ses personnages, le tout sans que l’on ressente de longueur (ce qui est une belle performance pour un film de 2h20). Enfin, le film remporte vraiment mon suffrage grâce à l’intelligence de son scénario. On est toujours à deux doigts de la facilité, du mélo à deux francs cinquante, sans jamais y sombrer et en restant toujours réaliste. On arrive à croire à l’histoire, parceque qu’on croit aux choix et aux réactions des personnages. Et le réalisateur de nous balader entre les souvenirs joyeux, et le drame irréparable, entre la joie et la mélancolie. Le traitement du deuil est … original, à tous points de vue. Ça fonctionne assez bien grâce à quelques scènes coup de poing – j’étais au bord des larmes lors de la scène au poste de police. Et que dire de la scène où la fille de Lee lui demande : « Daddy, can’t you see we’re buring ? » . L’intelligence du film, c’est aussi ça : c’est de nous permettre de nous identifier au personnage et de se demander ce qu’on aurait fait si cela nous été arrivé. Je suis sorti groggy. Après, c’est quand même un peu déprimant