Le film retrace le parcours de la patineuse Tonya Harding, en s’attardant plus particulièrement sur « l’incident » qui l’a rendue célèbre. Gillespie raconte l’histoire ‘officielle’ telle que la décrit son personnage principal, en adoptant généralement son point du vue. Il prend parfois de la distance (au début, quand il averti que les témoignages sont contradictoires et pas toujours crédibles, et les quelques fois où il prend le partie d’un point de vue contraire à Tonya), mais c’est globalement un portrait relativement flatteur de Harding. Après, je pense que Gillespie se fou de connaitre ou montrer la vérité, car il s’agit ici d’un portrait et non pas d’un documentaire. D’ailleurs, il ne s’attarde jamais sur Nancy Kerrigan (qui est juste la cible que quelques remarques assassines de Tonya), et ne s’alourdit pas non plus sur un comparatif (notamment de niveaux sociaux) entre les deux jeunes femmes. Et pour le coup, je suis assez d’accord avec cette démarche. Du coup, il est parfois complaisant avec son héroïne et la montre souvent sous un jour assez favorable, mais il donne tout de même quelques clefs pour mettre à jour les autres points de vue. En tout cas, le personnage est très réussi, et Margot Robbie est incroyable. J’avais déjà beaucoup aimé sa performance dans Suicide Squad (plus que le film lui-même, qui est quand même une grosse purge), et là elle passe clairement à la vitesse supérieure. Le reste du casting est assez bon (l’ex mari, la mère – Alisson Janey est géniale). On est parfois quand même à se demander si le personnage de la mère (ou du pote de l’ex mari) est crédible. Des vraies images d’archives à la fin du film sont là pour montrer que c’est le cas. L’intérêt de ce portrait et de cette histoire, c’est surtout de montrer une succès story américaine différente de celle que l’on voit d’habitude. Tonya est pauvre et inculte ; elle se défini d’ailleurs elle-même comme une redneck dès le début du film. Du coup on s’éloigne du cliché et on a droit à une vraie héroïne américaine – et trash. Elle est d’ailleurs entourée de véritables cas socieux à la limite de la débilité mentale. Le type responsable de l’agression en est un bon exemple – et la scène est fantastique. La bande originale est fantastique – du Romeo and Juliette de Dire Straight (d’ailleurs, j’étais justement en train de réécouter la version de The Killers avant d’aller voir le film, sans me douter qu’il s’agissait d’une reprise), au fantastique The Chain de Fleetwood Mac, on a des super tubes connus ou moins connus es années 70-80. C’est plutôt bien filmé – les scènes de patinage sont bluffantes. Gillespie reprend le truc de House of Cards : parfois les personnages s’adressent directement au spectateur. Je trouve ça plutôt cool. En bref, j’ai aimé, et j’ai hâte de voir le prochain film de Margot Robbie. |