En préambule, je dois préciser que comme John Miles chantait « Music was my first love, and it will be my last », Queen était mon premier amour, et ça serait probablement le dernier. Ou l'avant dernier, peut importe. Je n'attendais pas grand chose de ce biopic, malgré des retours plutôt positifs, et je n'étais pas allé le voir en salle. Grand bien m'en a pris. Parceque ça fait tout juste l'affaire comme film du dimanche soir. Je pense que le film pèche à la fois par manque et par excès d'ambition. D'une part, il ne montre rien et ne prend jamais aucun risque, et d'autre part a le souhait de monter une grosse partie de la carrière du groupe, les relations de Freddy avec sa famille, ses amants, les relations entre les membres du groupe, les relations avec les managers du groupe, les grands succès et notamment l'écriture de Bohemian Rapsody, la maladie de Freddy. J'en oublie peut être. A force de vouloir traiter trop de sujets, le film n'en traite aucun et devient un espace d’imbroglio à la limite du digérable. Il aura fallu choisir une période et un sujet particulier comme a su le faire Bill Pohlad avec beaucoup plus de talent dans Love & Mercy (sur les Beach Boys). J'aurais en fait aimé que le film parle du groupe et nous le montre. Il ne le fait jamais, bien entendu, puisque seul Freddy apparaît à l'écran. Les autres membres n’existent pas. Ils sont au mieux des accessoires dans certaines scènes. Il y a notamment un moment où Freddy plaisante sur le fait qu'il ne sais même pas quelles étaient les études de John Deacon. C'est voulu comme une blague, mais ça m'a presque donné envie de pleurer. John n'existe jamais à l'écran. On ne sais même pas comment il a intégré le groupe. Les autres membres ont une ressemblance physique avec les vrais, et ça s'arrête là. Plus grave encore, aucune complicité ne se dégage entre les différents acteurs. On nous bassine à plusieurs reprises sur le fait que la groupe est une 'famille', dans une tentative pathétique pour parler des relations entre les membres du groupe. Non seulement ça n'est jamais montré, mais on a beaucoup de mal à y croire lorsque c'est dit. J'ai lu des tonnes de très belles choses sur la performance de Rami Malek. Honnêtement ? Le pauvre ne dégage rien. Il est suffisamment (trop, sans doute) enlaidi pour ressembler à Freddy, mais il ne parvient pas à rendre ni son sex appeal, ni son charisme, ni sa démesure. Bref, on s’ennuie gentiment jusqu'au fameux concert Live Aids. Montrer (ou laisser croire, ce qui revient au même) que Queen est à lui seul responsable des dons lors de cet événement n'est pas maladroit. C'est malhonnête, et ça n'apporte rien à part enfoncer un film qui n'en a pas vraiment besoin. Les scènes de concert sont à cet effet particulièrement ratées. Ça fait faux, me disais avec raison Audrey. Globalement, à part cet énorme raté, on ne peut pas dire que le film brille par sa mise en scène. Au début du film, un producteur demande au groupe pourquoi il devrait les produire eux, plutôt qu'un autre groupe de rock. La question qui m'a hanté tout le film, c'est pourquoi avoir fait un biopic sur le groupe Queen plutôt que sur un autre groupe ? La réponse donnée dans le film au producteur était convenue et insipide. La question plus générale sur le biopic ne trouve à mes yeux aucune réponse dans le film. Ça aurait pu parler de n'importe quel autre groupe de rock, tellement le groupe et sa musique sont absents. Enfin bon. Au moins, la BO est pas mal. |