The French Dispatch vu le 2021-11-19 | |
Après avoir vu Dune et m'être fait tatoué sur la fesse droite Timothée et sur la fesse gauche Chalamet (aparté : je déconseille ; c'est long, ça fait mal, et c'est écrit trop petit, on arrive pas à lire), je pouvais difficilement bouder le dernier Wes Anderson dans lequel joue notre fringuant acteur. Plus sérieusement, j'aime beaucoup le travail du réalisateur ; j'adore The Darjeeling Limited et j'ai un amour certain pour The Royal Tenenbaums et The Grand Budapest Hotel (et l'île aux Chiens, dans un registre légèrement différent). Et si j'avais un peu hésité à voir le film jusque là, c'est qu'il faut quand même avouer que ni le pitch ni l'affiche ne donnent une énorme envie de se déplacer. Hé bien, j'avoue ne pas avoir été déçu. Attention tout de même, il faut connaître et aimer le bonhomme pour apprécier. A savoir, aimer la surabondance de filtres très colorés, le côté vieillot, les image fixes avec des acteurs qui essaient de ne pas bouger, le noir et blanc, les passages animés parce que les effets spéciaux et les cascades, ça coûte trop cher (et ça n'a aucun intérêt, on est bien d'accord), l'humour très décalé et souvent absurde, et surtout une narration assez déstructurée au point de donner l'impression de partir dans tous les sens. C'est peut être ce dernier point qui sera le plus rebutant pour le spectateur lambda. Et c'est dommage, car c'est un très beau film (j'ai envie de dire : comme d’habitude. Alors je le dis. Comme d'habitude). Le casting est à un niveau rarement atteint. On est à peu près sur du 7 étoiles et demi. Le moindre second rôle est une énorme star. Par exemple, il y a une scène avec Guillaume Gallienne, Cécile De France et Christop Waltz où ils doivent avoir une phrase chacun (pas sûr en ce qui concerne Cécile), et quelques secondes d'apparition à l'écran. Ce qui est intéressant dans les films de Wes Anderson, c'est que le casting, si prestigieux soit-il, est vraiment au service du film. Ça n'est pas un film chorale avec des batailles d'égo : les acteurs font le taf (comprendre : ils jouent tous p*tain de bien). Le film est pensé comme un enchaînement de mini films, chacun représentant une rubrique du journal (qui constitue le fil conducteur du récit, avec son équipe de rédacteurs). On commence avec un mini sketch à vélo avec Owen Wilson. Nouvel aparté : le film regorge d'idées de cinéma, au point que l'on on a parfois trop d'informations à l'écran, ce qui peut être un peu frustrant. C'est notamment le cas de cette séquence (ce qui n'enlève rien à l’humour de certaines scènes : le film est très drôle). C'est assez bien vu, car cette séquence qui vise à présenter le lieu de l'action (une ville française fantasmée) permet de donner le ton et préparer aux mini films suivants. Ensuite, on passe au plat de résistance avec un récit assez long mettant à l'honneur Benicio Del Toro (qui est énorme, simplement) et Lea Seydoux que j'ai trouvé très bien pour une fois (et non, ça n'est pas parcequ'on la voit beaucoup à poil. Enfin ... pas que). Adrian Brody en fait des caisses, mais ça fonctionne quand même. C'est peut être pour moi le meilleur mini film du film (c'est super dur à dire ça, mini film du film). On enchaîne avec du lourd : Frances McDormand et notre ami Thimothée. Le ton change radicalement (normal, c'est un autre article après tout), tout en restant complètement cohérent avec ce que l'on a vu jusque là. On termine avec un récit toujours aussi atypique avec Jeffrey Wright et Mathieu Almaric, qui est lui aussi plutôt chouette (c'est là qu'il y a le plus de scènes animées ; c'est aussi là qu'il y a le plus d'absurde). Au final, le film est visuellement très léché (l'image est superbe), les acteurs sont bons, et surtout à travers ces divers récits, Wes Anderson parvient à nous parler de la seule chose qui vaut qu'on fasse un film : il nous parle de la vie, et il le fait avec une poésie et un talent incroyable. Alors voilà, pour moi, c'est un grand oui, et ça ne plaît pas à tout le monde, ben c'est la même, comme dirait Vianney. |