Audrey et Manu au pays du Taj Mahal
Semaine 2 |
Le 15-11-2009 => RANAKPUR => UDAIPUR
Au départ de Jodhpur, on passe par un magasin soi-disant de gros, à la sortie de la ville, conseillé par le chauffeur. En vrai, c’est une coopérative aux prix fixes, et largement au-dessus du marché. Audrey achète une pashmina. En vrai, il s’agit du poil de chèvres du Cachemire, qui est super fin et donc super chère. En Inde, le terme désigne tout morceau de tissu (et à fortiori principalement les châles), quelque soit la qualité. En l’occurrence, je pense pas que le poil du pashmina d’Audrey ai jamais vu le Cachemire, ou les pentes de l’Himalaya. Mais bon. Aujourd’hui, 8 heures de route pour rejoindre Udaipur, à la pointe Sud du Rajasthan. Et ça tombe bien, il y a un temple Jain ultra célèbre quasiment à mi-chemin, à Ranakpur. Est-ce qu’on veut s’y arrêter ? Deux fois qu’on veut.
temple jain d’Adinath
Au bout de 5 heures de route, et un arrêt plutôt discutable dans un bouiboui perdu, nous arrivons à Ranakpur. Il s’agit d’un ensemble de multiples temples Jain, au pied des montagnes. C’est assez chouette. Il y a en vrai un temple principal, l’immense temple d’Adinath, etles autres petits temples. Nous commençons par le petit temple qui est sur la route. Et je suis assez content, parceque cette fois-ci, j’ai pris mes tongs !
détail de la façade du temple
Le petit temple de Chaumukha Mandir est surtout intéressant par la vue qu’il procure sur Adinath. Après … il possède des belles sculptures (pour certaines érotiques … quels coquins ces jains). L’architecture rappel beaucoup les temples Jains de Jaisalmer (sauf que cette fois-ci, c’est pas en pierre dorée). On entre ensuite dans Adinath. On doit douiller pour prendre des photos, mais le tarif est tellement ridicule qu’on paie presque avec plaisir. A l’entrée, un garde confisque nos bouteilles d’eau. Soit il a peur qu’on arrose les statues, soit il s’est planté dans ses consignes (a confondu avec la veille, où il était videur à l’entrée d’une salle de concert ?). Soit il avait soif. Va savoir.
les 1444 colonnes du temple
Le temple d’Adinath est immense … et contient 1444 colonnes sculptées, toutes différentes. La légende raconte qu’une des colonnes n’est pas droite, parceque la perfection est l’apanage de Dieu, et pas des hommes. En vrai, pour moi, y’en a aucune qui est droite. Mais bon.
Manu perdu au milieu des colonnes
Au milieu des colonnes, il y a des éléphants en marbre, des pèlerins qui prient, des noix de coco, et un arbre. Probablement sacré. Il y a aussi quelques animaux qui ne sont pas en pierre. Une petite chouette, perchée sur un pilier, nous regarde de ses yeux étonnés. Des singes trainent aux alentours.
Audrey a trouvée un singe !
L’un d’eux se trimballe même dans le temple, pour le plus grand plaisir d’Audrey.
Puis on repart pour Udaipur, situé à quelque 3 h de route. A un moment, la route se transforme en autoroute 2x2 voies. Joie. C’est plutôt inespéré. On déchante cependant assez vite, lorsqu’on se retrouve face à un camion qui roule à contresens. Pourquoi tant de haine ? C’est tout simple. Y’a pas de sortie. Si tu veux donc prendre la prochaine à droite, t’as intérêt à passer sur la double voie d’en face (donc à contresens) suffisamment en avance, parceque le terre plein central n’est ouvert qu’à de rares endroits (pas du tout) stratégiques. On déchante encore plus quelque temps plus tard, quand on constate que l’autoroute est en fait … en construction. A côté de nous, l’autre double voie est fermé, et y’a des gens qui font un trou dans la montagne. Mais bon. Ça nous empêche pas d’arriver à Udaipur sains et sauf !
arrivés à l’hôtel Udai Kothi
Notre hôtel est situé sur la rive d’en face du City Palace, et est assez luxueux. Bon … à chaque fois qu’on monte dans notre chambre, une indienne désespérée nous propose un massage. Mais c’est un tout petit prix à payer. On réserve notre table de ce soir sur le toit de notre hôtel, puis on sort faire un tour pour voir la ville avant la nuit (qui tombe à 17h …).
Udaïpur …
Ruelles étroite, ghâts en veux-tu en voilà, et le City Palace qui fait la moitié de la vieille ville. Voici Udaipur ! En chemin, un indien qui travaille dans la haute couture pour les plus grandes marques, et qui vient régulièrement à Paris, nous aborde. Ce n’est ni le premier, ni le dernier. Y doit y avoir des tas de quartiers à Paris blindés d’indiens, que j’ai jamais visités. On finit par se retrouver seuls (si tant est qu’on puisse être seul en Inde), à découvrir la ville, ce qui est assez agréable dans les petites ruelles (et beaucoup moins dans la rue principale, envahie par les motos et les tuk-tuk).
le fameux Lake Palace hôtel
On se retrouve assez rapidement au bord du lac. Il contient notamment le célèbre Lake Palace, bâtiment blanc flottant majestueusement au centre du lac, et transformé en hôtel de luxe. On en profite pour réserver notre repas de demain soir dans un hôtel du centre, puis on rentre. On veut essayer la piscine, située sur le toit.
piscine nocturne sur le toit de l’hôtel
La piscine sur le toit est complètement ouf. On a une vue sur la vieille ville, le City Palace, et un bout du Lake Palace. Et sur le palais des plaisirs, lui aussi situé sur le lac, et diablement bien illuminé la nuit. On nage gentiment, ne se doutant pas qu’il s’agit de la dernière piscine dans laquelle nous allons nous baigner. Si on avait sus, je suis sûr que l’eau nous aurait paru un peu moins froide. Ou pas.
dîner romantique n°3 du Top Lonely Planet !
Le soir dîner top romantique. Noté à la troisième place des dîner romantiques à Udaipur par le Lonely Planet. C’est dire. On est que tous les deux dans une petite alcôve, qui dépasse légèrement du toit de l’hôtel, avec vue sur le lac. Eclairage aux chandelles, sublimé par les miroirs du plafond de l’alcôve. Assis sur des coussins, à même le sol. Top classe. Le repas est pas mal ; poisson, pour changer. Fô dire qu’avant, dans le désert, c’était assez tranquile niveau poisson. Le soir, on regarde Closer à la télé. C’est franchement marrant : le film est censuré par la télé indienne. Quand un acteur jure (et dans ce film, Clive Owen jure à chaque réplique), les sous-titres sont censurées (on voit (…)). Et le son est coupé. Encore plus drôle, la scène vers la fin dans la boite avec hôtesses, où Nathalie Portman effectue une danse sexy, est complètement absente. Ce qui doit rendre la compréhension du film relativement difficile aux profanes. Et surtout, diminue d’autant l’intérêt dudit film.
Le 16-11-2009 => UDAIPUR
Le matin, visite du City Palace au programme. Il s’agit d’un immense ensemble d’édifices qui couvre quasiment toute la vieille ville : c’est le plus grand palais de Rajasthan (donc du Monde ?). Fô dire ils se la pètent un peu à Udaipur. Soit disant, leurs maharajas s’appellent en fait des maharanas, ce qui veut dire presque la même chose, mais mieux. Ils essaient de faire croire que c’est en quelque sorte des espèces de « super maharaja ». Sans slip par-dessus le pantalon. Ils se la racontent aussi de n’avoir jamais été envahis, même pas par les sultans musulmans. Et bien entendu, il s’agit de la famille royale la plus vieille du Monde. Rien que ça. Bref. J’aurais voulu y aller à pied, au palais, vu que l’hôtel est pas spécialement loin … mais non, on prend la voiture. Et on met largement plus de temps, parcequ’on reste coincé dans une ruelle avec une fille de voiture en face de nous, et pas de place pour passer. Pourtant, la rue est pas en sens unique … elle est juste étroite. C’est peut être ça le problème, au fond.
visite du City Palace
On entre dans le City Palace par un immense portail à 3 arches. Entrée : 50 roupies, payées par le guide. Taxe sur l’appareil photo : 200 roupies. Autant dire que pour rentabiliser, j’ai fais des tonnes et des tonnes de photos. On rentre dans le bâtiment via une belle porte entourée de peintures d’éléphants, et on commence à emprunter moult corridors et escaliers jusqu’à être complètement paumés. Premier arrêt : le cloître. Il s’agit d’une petite cour avec arbres et banc, à ciel ouvert, au 3ème étage (t’ain, pourtant on a pris qu’un seul escalier ?!). Superbe vue sur la ville, et exposition de la Chaise. Le roi Georges avait convoqué tous les maharajas à Delhi, mais celui d’Udaipur, comme c’est un rebelle, il est pas venu (il avait piscine ?). Du coup, sa chaise est restée vide … et est devenue LA Chaise. Claaaaasse.
Krishna vilas, la pièce souvenir en mémoire de la princesse
On visite ensuite plusieurs pièces sympathiques et colorées (jaune, rose, bleu, verte, …). L’un d’entre elles contient des miniatures d’un type tout à fait particulier. Déjà, tous les protagonistes sont dessinés de face, comme les dessins égyptiens (ça doit vraiment être plus facile …). Ensuite, la gestion de la perspective est assez spéciale. Les figurines se retrouvent parfois de côté, voir carrément à l’envers. Le plus marrant, c’est la gestion du mouvement. Se sont pas cassés : ils ont carrément dessiné plusieurs fois le même mec pour montrer qu’il bouge. Ça donne des toiles parfois un peu compliqué à comprendre …
Il y a aussi une pièce consacrée à une princesse d’Udaipur, courtisée par les maharajas de Jodhpur et Bikaner. Voulant éviter une guerre, elle a mis fin à ses jours, provocant par le même la Malédiction des maharajas d’Udaipur. Les derniers n’auraient pas pu avoir d’enfant, à cause de cette malédiction (j’ai plein d’autres raisons en tête, l’un d’elles étant que l’un deux était paralytique, mais bon). Enfin bon, ça a pas dû servir à gran’ chose, vu que les maharajas de Bikaner et Jodhpur, ils ont l’air de s’être mis sur la gueule quand même.
vue sur la ville, du haut du City Palace
On arrive finalement complètement sur le toit. Vue magnifique sur la ville d’un côté, et le lac de l’autre. Côté lac, on aperçoit tous les palais de maharaja d’Udaipur : le palais d’hiver, en haut de la colline au fond. Le palais d’été, qui n’est autre que le célèbre Lake Palace. Et le palais des plaisirs (mais à quoi pouvait-il bien servir ?!), lui aussi sur le lac.
vue sur le Lake Palace
On redescend le long de corridors et escaliers, suivant divers très belles pièces. Dont la chambre de la maharani, qui contient divers images de « bébé Krishna ». C’est un concept assez amusant : c’est un Krishna, tout bleu, qui est représenté sous l’aspect d’un très jeune enfant. Soi-disant, ça aide les femmes à concevoir. Moi je vois pas comment en voyant ce truc tu peux vraiment être dans de bonnes dispositions pour faire un mioche. D’ailleurs, ça a pas l’air d’avoir des masses marché, pisqu’ils arrivent pas à avoir d’enfants. Comment ils font ? Ils font comme Johnny. Ils adoptent.
Surya Chopar, la pièce du Soleil
Une immense salle contient un grand soleil en or sculpté. Il y a une vraie raison à cela. Les maharajas ont pris le pouvoir et fondé la classe des rajputs en affirmant haut et fort descendre de Dieux divers et variés. De Khrisna, de Rama, de la Lune … et dans le cas des maharajas d’Udaipur, du Soleil. Chaud bouillant. En plus, (double fonction !), ça leur permettrait de voir le soleil pendant la mousson. Faible consolation …
Mor-chowk, la cour aux paons
La petit cour attenant à Surya Chopar est le plus bel endroit du palais. Mor-chowk, la cour aux paons, qui comporte 5 arcanes avec des paons sculptés, de toute beauté. Une par saison (automne, hiver, printemps, été et … mousson). C’est une cour de cérémonie, avec les balcons dédiés aux visiteurs, aux femmes, et un petit corridor sympathique pour le maharaja. S’emmerdait pas quoi. On finit par redescendre et sortir du palais. La visite aura quand même duré un sacré bout de temps. Le guide se propose de nous emmener aux jardins des femmes du maharaja, en peu en dehors du centre. C’est partit.
les jardins de Saheliyon-Ki-Bari
Il s’agit de mignons petits jardins avec fontaines et jets d’eau. Vers l’entrée, des locaux se font prendre en photo en costumes traditionnels, prêté pour l’occasion par le photographe. Les indiens viennent en famille. C’est vraiment un coin sympathique. Le guide nous abandonne alors à notre triste sort ; nous avons rendez-vous à 17h pour la balade en bateau.
De retour en ville, nous visitons vite fait le temple jadgish. Il s’agit d’un immense temple hindou dans la vieille ville. Assez beau ; bien sculpté. Mais rien de rare. Nous allons ensuite faire un tour sur les ghâts.
Audrey à l’entrée du ghât
M’sieur, m’sieur, c’est quoi un ghât ? C’est un bête terme indien qui signifie « marches ». Et effectivement, les rives du lac sont couvertes de marches. Elles servent aux locaux pour aller au contact de l’eau du lac pour leurs ablutions, leurs lessives, une petite nage, ou quelque autre activité bizarre.
le ghât
D’ailleurs, le ghât principal où nous nous trouvons contient un certain nombre de femmes qui prennent leur bain torse nu. C’eût été plus sympathique si elles avaient eu moins de 100 ans. Notre prochaine activité c’est … la bouffe bien sûr. Nous nous sommes dégottés un petit resto dans la vieille ville conseillée par le routard. Vue sur le lac, nourriture carrément bonne, prix presque ridicule. Que demande de plus ?
« Appelez-moi National Geographic. J’ai LA photo ».
L’après-midi consiste à une petite marche dans la vieille ville jusqu’à la tour de l’horloge (il semble que toutes les villes indiennes aient une tour de l’horloge). Et de shopping : cartes postales, et tee-shirt. Audrey négocie comme une pro avec le vendeur de tee-shirt, et se lamente qu’on ai payé plus chère que le « vrai » prix. J’ai sans doute un poil planté la négo. J’étais prêt à les acheter quasiment deux fois plus chère !
Audrey & Manu sont dans un bateau …
Arrivé 17h, nous retrouvons notre sympathique guide, pour une petite balade en bateau sur le lac. On a un petit bateau juste pour nous deux. Du lac on a une vue parfaite sur l’immense City Palace. Il est ‘achement plus impressionnant comme ça ! Le bateau fait gentiment le tour du Lake Palace, on aperçoit même son débarcadère de luxe.
le City Palace …
… vu du lac
Puis le bateau nous emmène sur l’île du palais des plaisirs pour une courte halte. Ce palais accueil les visiteurs pour des repas avec vue sur le lac, mais ne possède pas de chambres. Le bâtiment principal, en rénovation aurait parait-il inspiré la constructeur du Taj Mahal. C’est vraiment pas flagrant.
dîner romantique n°1 du Top Lonely Planet, au Jagat Niwas Palace Hotel !
Le soir, nous profitons d’un dîner romantique sur le toit de l’hôtel Jagat Niwas. A la première place des dîners romantiques du Lonely Planet ! Et il faut avouer que c’est amplement mérité. La vue sur le Lake Palace, illuminé de tous ses feux, est à couper le souffle. On en oublierait presque de manger !
Le 17-11-2009 => PUSHKAR
Il y a 5h de route jusqu’à Pushkar, ce qui nous laisse largement le temps d’observer tous les panneaux bizarres sur le bord de la route. Allé, petit quiz improvisé. On commence par un facile :
Allons … un petit effort. Interdit de dépasser. Voilà. C’est ça.
Non. Ce n’est pas : « gaffe aux mec avec une valise ». Ni « gaffe au mec avec un sac de sport ». C’est : « attention, y’a une école pas loin ». Ben oui, c’était plus dur. Une dernière ?
Ha-HA. Pas évident, çui-là, hein ? C’est simplement pour indiquer les endroits où y’a plus de terre-plein central, pour le cas où t’ai envie de rouler à contre-sens.
On arrive finalement à Ajmer, qui est la grosse ville la plus proche de Pushkar. Ajmer, c’est une ville sainte musulmane, avec grosse mosquée, tombe de saint homme, et tutti quanti. La traversée de la ville est juste horrible : la rue est littéralement envahie par les véhicules diverses, on avance pas, et le bruit est à la limite du supportable. Juste derrière la montagne, il ya Pushkar. Célèbre pour son marché au dromadaire en Octobre, et ville sainte hindou. Apparemment, interdit de circuler en voiture ou en moto dans la ville, et interdait de klaxonner. Brahama aurait dit « Tu ne rouleras pas avec un véhicule muni d’un moteur à explosion dans la ville sainte. Et oublies le klaxon, tu s’ras gentil. ». Et il vit que … il aurait mieux fait de garder sa salive. Certes, pas de voitures. Mais alors bonjour les tuk-tuk et les motos. Et ça klaxonne carrément à tout va. Puskhar est aussi une ville envahie par les babas cool, ce qui est à mes yeux le comble de la déchéance. Mais bon. Notre hôtel est situé légèrement en dehors du centre, et est tout confort : lit à baldaquin, peintures murales, balançoires. La classe quoi. On décide quand même d’aller faire un tour en ville histoire de.
temple hindou à l’entrée de la ville
A l’entrée de la ville, y’a une immense tour avec divers idoles hindou en carton pâte. C’est kitch, mais c’est joli. En haut, y’a un Brahma. Facile, c’est un type qui ressemble à un vilain nain barbu, et qui a quatre têtes regardant dans les quatre directions. Il y a aussi un immense temple Sikh blanc qui parait flambant neuf. La rue principale, blindée de boutique diverses et variées (c’est presque Disneyland), contourne le lac.
temple hindou dédié à Rama
Au début de la rue, grand temple hindou sympathique, consacré à Rama. Par contre, gardé par de la flicaille, et interdit d’approcher. C’est relativement injuste. Après une courte marche dans les rues, on décide de se rapprocher quand même du lac et voir les ghâts.
le lac sacré
Dans la rue, la grosse arnaque à la mode, c’est des types qui te refilent des fleurs. Quand tu leur dit que t’en veux pas (parceque bon, tu sens quand même que ça sera pas vraiment gratuit), ils te répondent « Non non, c’est pas pour toi. C’est pour le lac ». Sympa. Ce à quoi tu peux en fait répondre : « Quel lac ? ». Parceque bon, la mousson, c’était peut être y’a un moins, mais présentement, le lac est sacrément à sec. C’est plus un tas de boue qu’autre chose. Autant pour l’intérêt principal de Pushkar. Cela dit, les vendeurs ont quand même le coup de main, parcequ’à l’approche du lac, les fleurs sont finalement « pour le Dieu ». Le Dieu, c’est Brahma. Pushkar est l’une des (très) rares villes à posséder un temple lui étant dédié. La seule en Inde, en fait.
temple de Brahma
La petite histoire dit que Brahama voulait participer à une obscure cérémonie qui nécessitait la présence de sa femme. Comme elle était en retard, et que Brahama était pressé (et pour le coup un peu con quand même), il épouse à l’arrache une file du coin et démarre la cérémonie. Sur ces entrefaites (j’ai toujours voulu utiliser ce mot), sa femme arrive, et elle est colère. Elle maudit Brahma, disant qu’il serait oublié, et que personne ne lui rendrait culte. Au bout d’un moment, elle se laisse quand même adoucir, et admet que Brahama puisse être adoré, mais à Pushkar seulement. Le temple est au bout du lac. A l’entrée, non seulement il faut enlever ses chaussures et les laisser à la garde de personnes louches qui essaient de te fourguer des fleurs, mais en plus il faut laisser ton sac et ton appareil photo. Mais parceque c’est toi, on te permet de garder tes papiers et ton portefeuille sur toi. Sympa. Bien évidemment, il n’est pas question une seconde que je file mon appareil photo, et à plus forte raison mon sac et mes papiers à ces types là. On visite donc chacun son tour … et il faut avouer que le temple n’a rien de rare. A part un joli toit bleu.
Bon, on a fait le tour du centre ville ; la prochaine étape, c’est une jolie balade qui emmène jusqu’en haut d’une petite colline, avec vue sur la ville.
à l’ascension du temple de Savitri
Le chemin part du temple de Brahma ; c’est une espèce de ruelle sombre et malpropre. A l’entrée, un gros tas d’ordure dans lequel se complaisent 4 ou 5 cochions bien gras. En fera un petit tour en voiture demain, et force est de constater que Pushkar n’est ni plus ni moins qu’une immense décharge à ciel ouvert. Pushkar plus qu’ailleurs, mais en général les bords de route sont quand même jonchés de déchets. Puis la route devient largement plus sympathique, y’a moins de monde, et ça commence à monter sévère.
vue sur Pushkar
Mais bon, on est récompensés tout au long de l’ascension par une superbe vue sur Pushkar. On croise de rares touristes, donc un Indien de Mumbai qui a l’air sympathique, mais qui est complètement incompréhensible.
le lac sacré … ment à sec
On voit aussi bien le lac, carré de boue qui se dessine entre les bâtiments. Le haut de la colline est constitué d’un temple médiocre et d’une bicoque qui vend du coca-cola. On arrive juste à temps pour profiter du coucher de soleil.
coucher de soleil sur le désert
De l’autre côté de la colline, quelques jeunes français « cool ». Un gamin qui joue un improbable instrument à vent. Deux blondes qui se sont fait chopées par des indiens. Tout ce beau monde, assis sur des rochers, admire le coucher de soleil sur le désert, qui est à perte de vue. C’est fort sympathique.
dîner à l’hôtel
Pis bon, y commence à faire noir, et comme on veut pas se tuer dans la descente, on repart gentiment vers l’hôtel. Qui est looooiiiinnn … à des années lumières. On rentre fourbus. Petite douche, et repas à l’hôtel (qui semble de toute façon être le seul endroit potable pour dîner). C’est plutôt bon, et la salle est superbe.
notre chambre
Fin de la journée, riche en émotions. De la voiture, de la marche, un lac (bon … façon de parler), des temples. Que demander de plus ?
Le 18-11-2009 => JAIPUR
On arrive à Jaipur, capitale du Rajasthan, en début d’après midi. Visite éclaire à l’hôtel, sandwich, et c’est partit pour la visite guidée de la ville. L’hôtel est en fait tout neuf et un peu excentré. On a la « chambre aux paons ». En fait, le paon est un animal très important en Inde. On le voit en sculpture partout dans les palais, et les prêtres utilisent des plumes de paons pour nettoyer les idoles. Les plumes sont aussi largement vendues aux touristes. Mais bon. Il parait que ça repousse tous les ans. Bref, on a une super chambre avec balcon, et vitraux en forme de paons. La classe.
la citée intérieur …
On traverse en voiture la citée intérieure. Il s’agit d’un énorme carré, entouré par un mur aux portes monumentales. C’est ni plus ni moins que la vieille ville. Conçue et dessinée par le maharaja, à ses heures perdues. Le mur et les bâtiments sont tous peints en rose, ce qui fait que Jaipur est la « ville rose » (au même titre que Jodhpur est la « ville bleu », et Jaisalmer la « ville dorée »). C’est quand même assez chouette.
… la ville rose !
En fait, la rue est constituée de petits immeubles. Le rez-de-chaussée est ouvert, et généralement tenu par un commerce. Les marchands habitent à l’étage au dessus de leur shop. Et le nom de chaque propriétaire de shop, est marqué au-dessus du magasin. Du moins c’est ce qu’essaie de nous faire croire notre guide ; difficile de s’en rendre compte, c’est tout marqué en hindi. La rue est en tout cas étonnamment vivante, les marchands vivant quasiment sur le trottoir, et le shop étant envahis de locaux. Des gamins jouent au cerf-volant sur les balcons. La vie suis son cours quoi.
Jantar Mantar : l’observatoire astronomique
Au cœur de la vieille ville, il y a le palais, et l’observatoire. Le maharaja avait fait plein d’études, et il a fait bâtir trois observatoires. Celui-ci est le seul qui marche, même si j’ai pas bien compris ce que le guide voulait dire par là. Il s’agit d’une immense cour envahit de constructions hétéroclites et bizarres, impliquant moult escaliers, parfois à la géométrie bizarre.
Jantar Mantar : l’observatoire astronomique
Le guide nous montre un premier objet de quelques mètres de hauteur et de diamètre. Ça servirait à lire l’heure. En fait, un pan du truc fait de l’ombre sur une règle graduée, et si tu montes au-dessus, et que tu mates l’ombre, tu es capable de donner l’heure. Vachement moins pratique qu’une montre, je me suis dit. Mais en plus, il faut que tu fasses une correction manuelle de la valeur lue, le correctif variant d’un jour à l’autre, et étant apparemment extrêmement compliqué à calculer. Ouaip. Vachement moins pratique qu’une montre. Il y a aussi des espèces de trucs enterrés, des trucs pour noter la position des étoiles, et plein de petites constructions basées sur les signes du zodiacs (une par signe, pointée en direction de la constellation incriminée). Pas trop compris à quoi ça servait. Je pense que le guide non plus.
le City Palace
Juste à côté de l'observatoire, il y a le palais. En partie encore occupé par le maharaja, et en partie transformé en musée. On entre dans une grande cour contenant un bâtiment en son centre. Il s'agit du bâtiment pour recevoir les invités, transformé en musée des vêtements du maharaja. Attention : anecdote. L'un des maharajas faisait 2 mètres pour 250 Kg ... autant dire que ça faisait des sacrés kimonos. Voilà. Fin de l’anecdote.
le City Palace
Une belle porte flanquée d’éléphants en pierre amène dans une deuxième cour, au centre de laquelle trône le sempiternel Hall des audiences privées. Celui-ci est en marbre blanc, et fort belle facture. A l’intérieure, une énorme jarre en argent d’une seule pièce, inscrite au Guinness book des records. A l’origine, il y en avait deux, mais l’une des deux a été volées par des officiels au cours d’un voyage en Angleterre. Ce qui est un job assez impressionnant, vu la taille et le poids du truc.
cour intérieure Pitam Niwas Chowk
Côté droit, une petite galerie, et le hall du trône, superbe salle décorée de façon plutôt faste (certains diraient que c’est un poil trop chargé, mais bon). Photos interdite … dommage. La hall comporte aussi de superbes portraits des divers maharajas en tenue officielle. Côté gauche, la coure des paons. Et oui, on vous l’a dit, le paon est un animal qui a son importance. C’est en fait une cour fermée, qui donne sur la partie privée du palais. Par contre, les divers portes sculptées de paons sont sublimes.
Audrey pose avec un garde du palais devant la Porte des Paons
D’ailleurs, Audrey pose devant l’une des portes avec un garde du palais. Ce dernier, une fois la photo prise, et probablement frustré d’avoir dû poser avec toutes les vieilles espagnoles du groupe qui nous a précédé sans toucher le moindre copec, nous demande instamment un « tip ». Le pauvre ne se doutait pas qu’il allait encore subir une amère déception. Il s’agissait du dernier pan du palais ouvert à la visite, nous repartons donc directement à l’hôtel.
notre chambre
La journée n’est pas finie pour autant, puisque nous décidons d’aller manger dehors. Le chauffeur nous a affirmé que le centre n’était pas si loin, et nous partons donc à pied. Hé bien … le moindre qu’on puisse dire, c’est d’une part que le centre est loin d’être à côté, et d’autre part, que c’est pas super agréable d’y aller en marchant au milieu des motos, vélos, piétons, voitures, tuk-tuk, sur un trottoir globalement inexistant. Du coup, on décide de retourner à l’hôtel, ce qui est notre première occasion de prendre un tuk-tuk. C’est assez sympa ; bon, notre tuk-tuk s’est un peu paumé sur la fin, mais c’est franchement un moyen de transport urbain agréable et peu onéreux ! On finit au buffet sur le toit de l’hôtel … mais tant mieux, puisqu’il est assez bon.
Le 19-11-2009 => JAIPUR
Ce matin, départ à 7h30 pour le fort d’Amber, un peu en dehors de la ville. On fait un arrêt photo à Hawa Mahal, le palais des vents. Il s’agit du monument le plus célèbre de Jaipur, qui est proprement magnifique. Mais on va y revenir, puisqu’on le visitera juste derrière. Lorsqu’on retourne à la voiture, un vendeur de journaux essaie de nous fourguer sa came pour 100 roupies. Sans doute n’a-t-il pas pensé que le prix des journaux (2 roupies) était marqué en première page. 500% d’augmentation, c’est un sacré prix de départ. Même notre guide et notre chauffeur sont pliés de rire.
le fort Amber
Le fort d’Amber, c’est un énorme complexe défensif construit pour se protéger des musulmans. Il contient l’ancien palais du maharaja. Et Amber est surplombé par le fort Jaigarh, qui appartient toujours à l’armée, et entouré par une immense muraille interminable, qui rappelle fortement la Grande Muraille de Chine. Un jour, un petit malin s’est dit : « c’est dommage cette petit route de 500 mètre qui mène à l’entrée du Fort … on devrait pouvoir mettre cet espace à profit ! ». Et il partit ramener des éléphants de la région d’à côté, pour faire payer l’ascension aux touristes.
à l’ascension du fort, à dos de pachyderme
L’ascension à dos d’éléphant … pas notre meilleur souvenir. Déjà, c’est l’usine : 30 minutes de queue, pour monter sur l’un des 50 éléphants qui font les allé-retours vers le fort. Et encore, ça c’est parcequ’on est arrivé tôt … ça monte facilement à 1 heure de queue en milieu de matinée. Après, les éléphants sont franchement traités comme des bêtes de somme, et sont complètement déshydratés (un éléphant a besoin de 250 litres de flotte par jour, et le lac en bas du fort est … à sec). Notre chauffeur est super speed ; il nous adresse à peine la parole, et cravache son éléphant comme un malade (avec un gros crochet en fer … miam) pour qu’il aille plus vite. Y’a des tas de marchands ambulants et photographes qui se pressent sur le bas côté. Pas top. Arrivé en haut, le chauffeur nous demander un « tip for the elephant driver ». Le guide nous avait filé 50 roupies pour le chauffeur, je lui donne donc, malgré la prestation franchement lamentable. Là, le chauffeur s’exclame : « no no ! 50 roupies per person. Look : everyone gives 100 roupies ». Là, je me rappelle que « tip », c’est un pourboire, que le type nous a monté en haut du fort en 8 minutes chrono, en nous balançant de droite à gauche sur sa bestiole, qu’il a par ailleurs passablement maltraitée au passage. Prenant sur moi, je ne reprends pas mon fric ni le traite de gros con, ce qui paraissait pourtant tout à fait légitime. Je lui sort mon plus beau sourire, et je lui dit : « c’est ça ou rien ». Il a fait la gueule, mais il a pris la tune et s’est précipité en bas du fort pour chercher d’autres touristes plus généreux.
dans le fort ... le palais
On commence la visite par le temple de Kâli, la déesse au collier de crâne. Sympathique. Le temple n’a pas grand-chose de rare, aussi on ne s’attarde pas et on rentre dans le fort proprement dit. La cour d’entrée, par où on arrive à dos d’éléphant, donne sur une porte et une deuxième cour, qui surplombe la première. Dans celle-ci, le Hall des audiences privées. Oui, y’en a dans tous les palais. Et l’entrée du palais proprement dit, avec à l’étage des moucharabiehs pour les femmes du maharaja.
le Hall des Victoires
De l’autre côté de la façade du palais, un jardin, et le hall des victoires. C’est une petite pièce magnifique, agrémentée de miroirs (de Belgique), et de mosaïques. Le palais est envahit de japonais, qui selon notre guide est l’un des trois Fléaux du tourisme en Inde. Les deux autres étant les pigeons, et les singes. D’ailleurs, nous confie-t-il, c’est à cause de touristes japonais si l’on ne peut plus monter sur toutes les structures de l’observatoire Jantar Mantar. Une année, des japonais sont tombés et se sont tués, et depuis, c’est fermé (une histoire similaire circulait déjà sur le minaret de Qutub Minar à Delhi … l’Inde m’a tout l’air d’être une véritable hécatombe à touristes japonais). Et les autres structures fermées de Jantar Mantar étaient abîmées par les singes. Et la profusion de pigeon (incroyable, mais ils nourrissent ces sales bêtes, et il y en a plus que sur la place Saint Marc de Venise) abîme les statues et monuments historiques. Pas facile quoi.
appartements des femmes du maharaja
Derrière, il y a le palais des femmes. Immense, avec des petites pièces pour chaque femme, et des peintures érotiques au plafond. Et une grande cour à ciel ouvert, au centre duquel trône une fontaine. Sur le côté, on peut descendre dans le réservoir d’eau. Un petit garde nous y emmène ; les couloirs sont tellement petits qu’il faut marcher plié en deux si on ne veut pas s’exploser la tête contre la pierre. Mais bon. C’est sympa. Et y’a des chauves-souris. Par contre, j’ai cru qu’on allait jamais sortir, car au moment où l’on voulait retrouver le grand air, un groupe japonais s’est mis en tête de descendre. Je vais finir par croire que ces touristes japonais sont réellement une plaie ?! A la sortie, le petit garde refuse notre tip. C'est la première fois ! C'est est presque choquant.
Hawa Mahal, le palais des vents
Retour en ville assez mouvementé, puisqu’on se fait courser par une moto. Il s’agit de types qui veulent absolument nous vendre les photos qu’ils ont prises de nous lors de l’ascension à dos d’éléphants. 500 roupies. Puis 250. Puis 100. Puis 50. Mais non, rien n’y fait. Ces photos, elles sont juste laides. On s’arrête ensuite brièvement au Lake palace de Jaipur, sympathique mais ne bénéficiant pas du cadre unique de celui d’Udaipur. Et enfin … Hawa Mahal, le palais des vents. La façade donnant sur la rue est incroyable ; c’est LE plus beau site de Jaipur.
Hawa Mahal, de dos
Le bâtiment consiste en fait en une immense façade. On rentre par derrière ; il y a en fait un lien direct avec le City Palace. Les femmes du maharaja venaient du palais jusque dans Hawa Mahal pour assister aux cérémonies et processions (qui avaient lieu dans la rue qui longe la façade de Hawa Mahal) sans être vues. Et pis pour faire d’une pierre deux coups, elles en profitaient aussi pour balancer des pétales de rose sur la procession ; faut bien les faire bosser aussi ces fainéasses.
vue sur la rue depuis Hawa Mahal
Le bâtiment ressemble à un gros muffin à la framboise. J’adooore. Ensuite, le guide nous emmène dans une station essence, car on a besoin de monnaie, et c’est le seul endroit avec un dab qui n’est pas vide. Ensuite, nous passons à la Poste. C’est une véritable expérience en soi. Le bureau est situé dans la vieille ville, à l’étage, et est accessible via un minuscule escalier. Une vieille indienne sans-gêne (mais n’est-ce pas synonyme ?) double Audrey dans l’escalier, et me passe devant pour aller au guichet. Tranquile quoi. Elle vient poser de l’argent sur son compte épargne. Derrière le guichet, un vieil indien au milieu d’une pile de cahiers qui doivent dater de 1900. Ils ressemblent à ces cahiers vieillots et pleins de poussières qu’on peut encore trouver dans les greniers de nos grand-mères. Le guichetier prend un cahier dans le tas, apparemment au hasard, et note la somme de la vieille. A notre tour, il a pas l’air très sûr de la valeur des timbres pour l’Europe. Il nous en file toute une flopé que l’on doit coller nous même. Et c’est du boulot ! Une fois qu’on a collé les timbres, on lui file les cartes postales, et il les pose sur un vieux coin de table. Elles vont rester ici jusqu’à la fin des temps, nous disons-nous. Hé bien non. Apparemment elles sont parties quand même, et rétrospectivement, c’est franchement surprenant. On passe ensuite à l’hôtel, où l’on grignote un sandwich sur notre terrasse en matant les annonceurs à vélo. C’est bientôt les élections municipales. Puis, à 16h, on repart dans le centre.
porte de la cité intérieure
Cette fois-ci, pas con, on se fait déposer par le chauffeur. On a des places pour une séance de ciné à 19h, mais on vient un peu plus tôt histoire de se balader en ville. On se promène le long de la rue principale, et puis on traverse l’un des portes de la vieilles ville pour se retrouver dans la citée intérieure. Balade assez sympathique ; la rue regorge de petites échoppes, de locaux vacants à leurs occupations et qui ne sont pas spécialement agressifs (à part un « ami » qui a voulu nous conseiller des magasin d’argent). Après une petite balade d’une heure et un petit stop dans un bar pour un lassi, nous nous rendons au cinéma.
le cinéma Raj Mandir
Le Raj Mandir est un cinéma célèbre dans toute l’Inde. C’est une espèce de gros gâteau à la crème rose. Le hall est magnifique, et blindé de locaux et de quelques touristes. Photo interdite … mais comme pour le reste, l’interdiction est largement violée (par les locaux autant que par les touristes). On va voir le film «Ajab Prem Ki Ghazab Kahani » … trois heures, en hindi non sous-titrée. Dur dur.
Film assez amusant en fait. L’action se passe à l’étranger, en Europe. On reconnaît cela aux rues pavées, aux statues de conquistadors, et aux nombreuses églises. Par contre, c’est un peu une Europe fantasmée : les gens sont tous indiens et habillés à l’indienne (sari …), les rues sont super propres et il n’y a pas de poubelles (fô dire, y’a pas de poubelle en Inde). Il s’agit d’une belle histoire d’amour, doublée d’une comédie aux fils un peu grossier. A la pause, on a compris la majorité de l’intrigue (Bollywood a instauré le sur-jeu en véritable religion), et somme toute on a bien rigolé. Alors du coup, on reste jusqu’à la fin.
A la sortie, on passe au Mc Do. Ben voui, faut bien essayer quand même, non ? Bon. Pas de surprise : le filet-o-fish. Le Mc Chicken. Et un espèce de Big Mac, où les steaks sont remplacés par du poulet. Z’appellent ça le « Mc Maharaja ». Je tente pour de rire. C’est un peu épicé, et pas mal décevant. Retour à l’hôtel en tuk-tuk ; on se sent presque comme des vrais indiens.
Le 20-11-2009 => FATHEPUR SIKRI (près d'AGRA)
On décolle relativement tard, la journée étant consacrée au trajet jusqu’à Agra, qui n’est quand même pas à côté. Aux abords d’Agra, il y a Fathepur Sikri ; il s’agit de l’ancienne capitale impériale, aujourd’hui une ville fantôme. Voulons-nous s’y arrêter pour jeter un coup d’œil ? Bien sûr que oui.
Le chauffeur rechigne un peu à s’arrêter (et c’est normal, le parking est payant), et essaie de nous fourguer un guide pour environ 5 fois le prix. Mais bon … on préfère rester un peu seul. Les guides, on a donné ! A l’entrée de Fathepur Sikri, un immense parking, des cars de touristes, et un village de petits shops … c’est mignon, on dirait un marché de noël. Y’a même des enfants. « M’sieur, m’sieur tu viendras voir mon magasin après la visite ? C’est au numéro 56 ! ». Il y a aussi des guides qui cherchent des touristes. L’un d’eux ne veut d’ailleurs pas nous lâcher. Il finit presque par proposer une visite gratuite ! Mais bon. Le problème, c’est pas qu’on veut pas payer. Le problème, c’est qu’on veut être seuls.
Diwan-i-Khas : le hall des audiences privées
Il faut prendre un mini-bus pour se rendre du parking au site. Une fois là bas, c’est franchement tranquile : quelques touristes qui trainent, deux jardiniers … et c’est tout. On a pu visiter le site avec une paix royale. La ville s’appelle « ville de la victoire » ; elle a été fondée par Akbar (ça veut dire « Le Grand »), le troisième empereur Moghol (fils de Humâyûn, dont on a vu la tombe à Delhi, et grand-père de Shâh Jahân, le constructeur du Taj Mahal). La ville a été construite une fois que l’empereur écrasa tous ses ennemis et assis sa supériorité sur tout le continent indien. Elle fût habitée 15 ans … au bout desquels il apparut que la nappe d’eau qui l’alimentait était à sec. Balo, non ?
Après une première cour, on tombe sur le sempiternel hall des audiences privées. Comme tous les bâtiments du site, il est en pierre rouge. Il s’agit sans doute de la plus belle structure de l’ensemble ; c’est vraiment chouette. A l’intérieur, un énorme pilier sculpté, avec inspiration musulmane, jain, hindou et bouddhiste. Derrière, le « trésor », ensemble de divers pièces vides qui servaient vraisemblablement d’entrepôt. En face, le bassin ornemental et la chambre à coucher du sultan.
le bassin ornemental
Le bassin ornemental, c’est LE spot du site ; petite étendue d’eau, avec vue sur les bâtiments rouges … c’est superbe. Derrière, la chambre à coucher du sultan. Il a un énorme lit de pierre installé à 1 mètre au-dessus du sol. Un peu raide … la pierre, c’est dur. Et faut pas se retourner dans son sommeil, sinon, c’est la chute. De la chambre, l’empereur pouvait accéder à la partie droite de la ville, qui contenait les chambres de ses divers femmes.
Audrey devant le palais de Jodh Bai
Akbar n’était pas juste un fanatique barbu avec un gros sabre. Si ce type a su établir un empire musulman pérenne en Inde, c’est avant tout parceque c’était un gros malin. Il a pris moult femmes, et la première fût une hindou, pour apaiser les rajputs. D’une grande ouverture religieuse, il fait même construire des temples hindous. Et voilà, emballé c’est pesé.
On visite le pavillon de l’épouse chrétienne, qui est assez chouette et comporte encore des peintures d’époque. Derrière, le palais de Jodh Bai (l’épouse hindou) est immense. Il consiste en quatre bâtiments au toit bleu entourant une grande cour. Mais bon, on peut pas monter dans les étages …
dans l’enceinte de la mosquée : les tombes
Derrière la ville (en vrai, « ville » est peut être un mot exagéré ; certes, le site est immense ; mais c’est ni plus ni moins qu’un palais impérial), il y a la mosquée. Il faut carrément sortir du site pour y aller (heureusement qu’on peut re-rentrer !). Là, c’est une toute autre affaire : la mosquée est ouverte au publique … et envahie de locaux qui vendent des cartes postales, des bracelets, des fringues, … Ignorant les plèbes (mais non putain, je veux pas de cartes postales ; j’ai déjà tout envoyé), nous nous déchaussons et entrons à l’intérieur des murs de la mosquée. Il y a deux portes dans le mur : la petite porte, qui donne sur Fathepur Sikri. Et la « Porte des victoires », espèce d’immense porte sculptée démesurée et donnant sur la ville.
la porte des victoires !
Dans l’enceinte de la mosquée, il y a deux tombes ; comme partout, la prière proprement dite est effectuée à même la cour, l’imam se plaçant au pied du mur opposé à la porte. Dans la cour, un gamin se jette sur nous. C’est un « étudiant », et il veut absolument nous faire visiter la mosquée. C’est gratuit, c’est juste pour nous faire découvrir sa culture. Gratuit ? Y’a pas un truc ? Mais si y’a un truc. On va y revenir.
Bref ; on se tape donc le gamin, ce qui nous pourri un poil la visite. En vrai, on peut rentrer uniquement dans le mausolée blanc ; on nous prête un joli chapeau en plastique à l’entrée, et on fait le tour de la tombe … qui est sympa sans plus. Après ça, le gamin nous emmène voir ses potes, qui vendent des bibelots. Haaaaa. C’est ça, le truc. Oui mais non, nous on achète pas ; déjà, c’est moche. Le gamin est pas super content. Il demande de l’argent. Ben dit donc, t’as pas dit que c’était une visite gratuite ? De rage, il se jette sur un autre touriste. Peut-être aura-t-il plus de chance avec celui là ?
Manu devant le caravansérail
A la sortie, le type qui garde nos chaussures prend notre pourboire (5 roupies), et lance sans trop y croire : « c’est 100 roupies ». Il regarde ce qu’il a amassé aujourd’hui, et la somme ne dépasse pas 50 roupies. Il a un sourire amusé en nous regardant partir. On repasse passe Fatherpur Sikir pour reprendre le bus, et on en profite pour aller voir le caravansérail, qu’on avait raté à l’allé. Le caravansérail, c’est ni plus ni moins que les écuries pour chameau. On récupère donc notre auto, et c’est reparti ; direction : Agra.
C’est dans cette dernière portion de route que j’ai le choc du voyage. On tombe sur le Mal. Rien que ça. Ça fou les boules. A un péage de l’autoroute, le type refuse de nous laisser passer. Tu comprends, dit-il à notre chauffeur, je suis là à vous attendre depuis ce matin, et je suis bien fatigué. Donnes-moi 100 roupies pour ma peine. Le chauffeur peste et tempête ; c’est beaucoup plus que le prix du péage, et c’est sur sa poche. Le gardien du péage regarde avec nonchalance à l’arrière, et nous déshabille de ses yeux mutins. On se sent presque violés. Le chauffeur négocie sec, et finit par payer le bougre. A la sortie du péage, il s’arrête au poste de police pour signaler l’extorsion. Et revient encore plus furieux : le flic lui demande un bakchich supérieur à ce que le chauffeur a perdu, juste pour recevoir la plainte ! Plus que la pauvreté, plus que les déchets qui s’accumulent, c’est ça qui fait flipper en Inde : c’est le racket organisé. A ce niveau là, c’est même plus de la corruption. Et le pire, c’est que le chauffeur (comme tout les indiens) trouve ça normal ! Il était ok pour payer un tip au mec du péage, comme il fait pour le mec du parking, le serveur du resto, etc. C’est juste la grosseur de la somme qui l’a choqué. J’ai une boule dans le ventre jusqu’à la fin du trajet.
Arrivés à Agra, on se retrouve dans un hôtel moderne pour conférence en bordure de la ville. Le temps de faire deux-trois courses pas loin (magasin de fringues, qui fait aussi internet coffee !). Les tuk-tuk nous abordent et nous proposent des visites de la ville. Bon, Agra, ça a l’air particulièrement moche. Mais en plus, ces tuk-tuk sont une énorme arnaque : ils proposent des visites gratuites, juste pour t’emmener dans les magasins de leurs comparses. D’ailleurs, ils ne s’en cachent même pas. On passe pour ce soir … et on se contente d’une bonne pizza à Pizza Hut. Bien entendu, z’ont pas de pizza jambon-fromage. Bon … c’est partit pour une pizza végétarienne !
Le 21-11-2009 => AGRA
Le matin, levé à l’aube. Le Taj Mahal n’est jamais vide de touristes, mais il vaut mieux y aller tôt, d’une part pour éviter le gros de la cohue (les groupes, et les personnes qui font le voyage sur la journée depuis Delhi), et d’autre part, parce qu’il parait que le mausolée est incroyable dans les brumes de l’aube. Départ à 7h donc. Oui, ça fait mal. Le Taj Mahal, c’est LE monument phare de l’Inde, le seul au monde (parait-il) dédié à l’Amour. L’une des merveilles du monde moderne. Son nom veut dire « Le palais de la Couronne » ; on l’appelle aussi « Mumtaz Mahal », ce qui veut dire « la Lumière du palais ». Ce mausolée a été bâtit par l'empereur moghol Shâh Jahân en mémoire de son épouse favorite Arjumand Bânu Begam. Il voulait que la tombe de son amour perdu soit la plus belle construction de main d’homme. C’est beau, non ? Attend un peu … épouse favorite ? Bah voui, l’était pas fou non plus l’empereur. Il avait plusieurs femmes.
le Taj Mahal !
Pour aller au Taj, il faut prendre un petit train électrique : les autorités compétentes ont décidées que la pollution risquait d’endommager le site, et ont décrété une zone sans véhicules. Bien entendu, cette interdiction n’est pas respectée. Mais globalement, il y a très peu de véhicules. On entre par une des portes, nommées sobrement Porte de L’est, du Sud, ou de l’Ouest suivant par là où tu arrives. Elles sont en pierre rouge. On arrive dans une grande cour, et côté Nord, il y a LA porte. La porte qui mène au mausolée. Elle est d’ailleurs assez sympathique, en grès rouge finement sculpté. Passé la porte, c’est la claque. Le Taj est là, face à nous, émergeant des brumes de la rivière Yamunâ, dans toute sa perfection symétrique. Un pète aurait qualifié le Taj de « larme sur la face de l’éternité ». Et c’est vrai que c’est presque beau à en chialer.
Manu et Audrey au Taj
Bon … on se plie à la tradition des photos sur le banc, en mémoire de Lady Di. On évite cependant la pose favorite des touristes japonais, à savoir celle où le modèle fait mine de tenir le Taj dans sa main. La classe pourtant ?! Le Taj est en marbre blanc d’Agra, et est serti de pierres semi précieuses qui brillent à la lumière de la lune ; on peut parfois les voir briller en journée suivant l’exposition du soleil. Le mausolée est bordée de deux palais en pierre rouge : la mosquée à gauche, et le palais des invités à droite. En fait, le second palais n’a jamais été utilisé, et a été construit principalement dans un but esthétique, pour conserver la symétrie du tout. Ma foi … quand on a les moyens …
le Taj reflété dans le canal
Le site regorge de légendes divers et variées, comme quoi l’architecte se serait suicidé en remarquant qu’il avait mis la porte du mauvais côté, ou encore comme quoi Shâh Jahân aurait prévu de faire une copie du Taj Mahal en noir, de l’autre côté de la rivière, pour abriter ses restes. Un pont aurait relié les deux édifices. Cette légende nous est d’ailleurs rapporté comme étant complètement véridique par notre guide, nonobstant le fait qu’on ne trouve pas de marbre noir en Inde.
Dans le Taj, la tombe de Shâh Jahân et de sa femme
A l’intérieur du Taj, les deux tombes. C’est assez chouette, même si c’est des copies. Les vraies tombes sont en fait dans la crypte, sous le bâtiment. Bon, ben le Taj, c’est fait. Le guide nous emmène ensuite dans un magasin de marbre, pour que l’on voie comment sont insérées les pierres semi-précieuses. Et si par hasard on voulait acquérir une superbe table en marbre servit de 500 kg, y’a pas de problème ! On file ensuite vers le deuxième site d’Agra : le Fort Rouge.
le fort rouge d’Agra
Similaire au fort rouge de Delhi, c’était le siège du pourvoir des empereurs moghols. Il s’agit d’un immense château fort en grès rouge ; on pénètre par deux portes disproportionnées dans une petite cour intérieure aménagée en jardin. En fait, c’est comme pour le Taj : les pelouses ont été plantées par les anglais. Les musulmans préféraient la terre battue.
palais de Jehangir
On entre par le palais de Jehangir, le père de Shâh Jahân. On visite divers pièces en grès rouge assez sympathiques. La majorité des pièces donnent sur la rivière Yamunâ … tranquile quoi.
au coeur du fort
Au cœur du fort, il y a une grande cour plantée, qui était auparavant un lac dans lequel l’empereur pêchait. Difficile d’imaginer le fier empereur moghol avec un chapeau de paille et une canne à pêche. De l’autre côté, le hall des audiences privées, et le Khash Mahal.
le Kash Mahal : la prison dorée de Shâh Jahân
C’est la dernière demeure de Shâh Jahân … la construction du Taj ayant saigné à blanc les finances de l’Etat, le fiston de Shâh Jahân ne tarda pas à prendre le pouvoir et enfermer son père dans le fort. Comble de cruauté, il l’enferma dans une pièce magnifique, qui a une vue toute privilégiée sur le Taj. L’empereur déchu y restera 9 ans avant de rendre l’âme, et d’être enterré par sa fille dans le Taj, à côté de sa bien aimée. Faites des enfants, qu’y disaient.
partie privée du fort
De l’autre côté de la cour, un jardin encore plus grand envahi par les écureuils. C’est la hall des audiences publiques. Toute la partie droite, avec mosquée et palais, est fermée au publique et occupée par l’armée. Le coin est fort sympathique … mais on doit encore rentrer à Delhi, et c’est pas la porte à côté. Après un sympathique dernier resto indien, on prend la route. On arrive en fin d’après-midi à Delhi, et sur notre insistance, le chauffeur nous emmène au Bahai House of Workship.
temple Bahai à Delhi
Le Bahaïsme est une religion (d’aucun diraient une secte) importée de Perse (ou d’Iran, si vous préférez). C’est un ensemble de croyances assez marrantes, tirées de l’Islam. Les bahai croient en un Dieu unique, qui se manifeste via divers prophètes, tels Moïse, Jésus, Mahomet, mais aussi Zoroastre, Krishna (qui est quand même le Dieu d’une religion polythéiste, mais bon) ou encore Bouddha (qu’on met décidément à toutes les sauces). Très marrant donc ; le truc c’est que leurs temples sont tout à fait uniques. Celui de Dehli est une immense fleur de lotus en béton, au centre d’un grand jardin. Ça fait vaguement penser à l’opéra de Sidney … j’aime beaucoup !
Ensuite, le chauffeur nous emmène à l’aéroport. Il a peur des embouteillages ; peut être aussi a-t-il hâte de revoir sa famille au bout de deux semaines d’absence. On arrive à 19h à l’aéroport, ce qui est relativement tôt quand on sait que notre avion décolle à 1h30 du matin. Surtout qu’on, apprend finalement que l’avion a 2h de retard. D’autant qu’on ne peut pas rentrer dans l’aéroport (en travaux) avant que le check-in soit ouvert, et qu’on est obligé de squatter un vieux fast food en face de l’entrée. Mais bon … On finira quand même par décoller, et rentrer en France. L’Inde est un pays déroutant, parfois dérangeant, fascinant par son histoire et son architecture. C’est donc un pays en « an ». Ce voyage fût quand même une expérience inoubliable ; on a plongé dans l’inconnu, dans un monde étrange, parfois hostile, parfois merveilleux. Ça n’est pas l’essence même du voyage ?
Le 22 Décembre 2009, Paris.
Semaine 2 |